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Un nouveau rapport dénonce le système destructeur et criminel mis en place par les élites au pouvoir en République centrafricaine

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Un nouveau rapport dénonce le système destructeur et criminel mis en place par les élites au pouvoir en République centrafricaine

Posted by Enough Team on August 3, 2016

Un nouveau rapport intitulé « The Bangui Carousel: How the recycling of political elites reinforces instability and violence in the Central African Republic » (Tours de manège à Bangui : Comment le recyclage des élites politiques aggrave l’instabilité et la violence en République centrafricaine) publié par Enough Project, révèle comment un groupe restreint d’individus se succède aux plus hautes fonctions de l’État centrafricain, dans une spirale de corruption qui nuit à la gouvernance et alimente l’instabilité et les conflits armés.

Christopher Day, coauteur du rapport et membre non résident d’Enough Project, déclare : « La nature même du système politique mis en place par l’élite centrafricaine est au cœur de la crise que traverse actuellement le pays, dont une large part est encore contrôlée par des groupes armés et où de nombreux civils voient leur vie bouleversée par la violence et les déplacements. Ils doivent avoir la possibilité de repenser et de réformer le système politique qui les a exclus pendant si longtemps. »

Le rapport expose les raisons des violences persistantes qu’a connues la République centrafricaine pendant plusieurs décennies et propose d’importantes recommandations en vue de répondre aux enjeux liés à la fragilité institutionnelle, la corruption généralisée et l’exclusion politique, et donc de favoriser la stabilité et la paix. Selon le rapport, plus de 2 millions de personnes, soit la moitié de la population centrafricaine, souffrent de la faim, et près de 415 000 personnes sont toujours déplacées.

Brad Brooks-Rubin, directeur des Politiques auprès d’Enough Project, souligne : « Il est temps de mettre un terme au Manège de Bangui. Les élites se succèdent régime après régime, dans le cadre d’un système marqué par des structures de gouvernance faibles leur permettant de mettre leurs fonctions au service de leur intérêt personnel. Le Président Touadéra et la communauté internationale doivent tirer les leçons du passé et mettre en œuvre des réformes garantissant une structure de gouvernance plus transparente et responsable, qui puisse enfin agir pour le bien de tous. »

Nathalia Dukhan, analyste et chercheuse sur la République centrafricaine auprès d’Enough Project, ajoute : « La République centrafricaine se trouve à un tournant historique et les mesures prises par le Président Touadéra auront un impact décisif sur l’avenir du pays. Les régimes politiques qui se sont succédés au cours des dernières décennies ont plongé des millions de Centrafricains dans des conditions de vie déplorables, tout en favorisant l’émergence de groupes rebelles prédateurs. Pour rompre avec le passé, il est crucial que le nouveau gouvernement reconnaisse les conséquences néfastes du syndrome décrit par le Manège de Bangui et plutôt que de promouvoir des auteurs d’atrocités et de crimes économiques à des postes politiques clés, les réformes doivent viser mettre fin au pillage des ressources publiques et à l’impunité de la classe dirigeante. »

Recommandations

1. Mettre en place des institutions solides et indépendantes pour lutter contre la corruption

Le gouvernement doit instaurer un système de gestion financière transparent et responsable. Celui-ci doit comprendre une fonction d’audit général fiable ainsi que l’examen des principaux contrats conclus par les gouvernements successifs (passés et actuel), et donner à l’administration fiscale les moyens de garantir le respect des mesures de perception de l’impôt. Le nouveau gouvernement doit également créer des organismes de lutte contre la corruption et obliger les hauts fonctionnaires à déclarer leur patrimoine à leur nomination, puis tous les ans.

2. Améliorer la transparence concernant l’exploitation des ressources naturelles (recettes, sous-traitance et dépenses) pour lutter contre la corruption

Les États-Unis et les autres donateurs doivent inciter le gouvernement de la RCA à mettre en place des mécanismes visant à lutter contre la corruption aux plus hauts niveaux, mais aussi fournir une assistance technique pour faciliter leur mise en œuvre. Ces mécanismes doivent inclure : 1) une procédure d’appel à la concurrence transparente pour l’octroi des concessions d’exploitation des ressources naturelles ; 2) la publication annuelle du budget de l’État ; et 3) l’obligation de rendre publics les contrats d’exploitation des ressources naturelles.

3. Imposer des sanctions ciblées et renforcer leur application à l’encontre des personnes qui compromettent la paix

Le Conseil de sécurité des Nations Unies, les États-Unis et l’Union européenne doivent imposer des sanctions supplémentaires aux personnes et aux entreprises qui tentent de compromettre la stabilité et la transition vers une bonne gouvernance par des faits de violence armée ou en facilitant la corruption publique.

4. Veiller à ce que la reprise du processus de Kimberley bloque le trafic des diamants de conflit

Selon la façon dont elle est gérée, la reprise du Processus de Kimberley pour le commerce des diamants bruts est susceptible de donner au gouvernement des sources de revenus légitimes ou, à l’inverse, de permettre aux groupes armés de profiter à nouveau du trafic des diamants de conflit.

5. Relancer le processus ITIE pour rendre les revenus tirés des ressources naturelles plus transparents.

Si elle est mise en œuvre dans son intégralité, l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) pourra permettre d’éviter et de réduire la corruption dans le commerce des ressources naturelles, en rendant les transactions transparentes.

6. Renforcer le système judiciaire et promouvoir les activités de la Cour pénale spéciale

Les donateurs internationaux (tels que les États-Unis, l’Union européenne et la Banque mondiale) doivent accroître les financements afin de reconstruire le système judiciaire de la RCA, actuellement inefficace. Il s’agit, en particulier, de s’assurer que la Cour pénale spéciale dispose des fonds, de l’expertise internationale et de l’indépendance nécessaires pour agir et poursuivre les responsables de violations des droits de l’homme.

7. Aider à renforcer les capacités et la protection de la société civile et des médias

La société civile et la presse jouent un rôle essentiel dans la surveillance et, à terme, l’affaiblissement du Manège de Bangui. Elles s’assurent également que les membres du gouvernement cherchent à servir le peuple plutôt que leurs intérêts personnels. Le nouveau gouvernement de la RCA est invité à s’inscrire au programme de Partenariat mondial pour la responsabilité sociale (GPSA) de la Banque mondiale, dans le cadre duquel il pourra renforcer les capacités de la société civile centrafricaine.

8. Réformer le processus de nomination du gouvernement

Si les cas de favoritisme politique lors des nominations au gouvernement ne sont pas rares, cette pratique est poussée à l’extrême en RCA. Pour pallier ce déséquilibre, le gouvernement de la RCA doit élaborer et intégrer des critères basés sur le mérite pour la nomination des ministres et des responsables politiques.

Lien vers le rapport complet
La synthèse en Français

Pour toute requête de la part des médias ou demande d’entretien, veuillez contacter : Greg Hittelman, directeur de la Communication, +1 310 717 0606[email protected].

À propos de ENOUGH PROJECT

Organisme de promotion des politiques de prévention des atrocités, Enough Project cherche à mobiliser les efforts en faveur de la paix et de la justice en Afrique en s’efforçant d’appliquer des sanctions contre les auteurs et les complices de génocides et d’autres atrocités de masse. Enough lutte contre les régimes kleptocrates violents et les groupes armés portant atteinte aux droits, alimentés par la grande corruption, la criminalité et la terreur à l’échelle internationale, ainsi que le pillage et le trafic de minéraux, d’ivoire, de diamants et d’autres ressources naturelles. Enough mène des enquêtes de terrain dans les zones de conflits, élabore des recommandations politiques en faveur desquelles il plaide, soutient des mouvements sociaux dans les pays touchés par des conflits et organise des campagnes publiques. Pour en savoir plus et nous rejoindre, rendez-vous sur www.EnoughProject.org.